Comme tourisme et artisanat sont deux faces d’une même pièce, toute révision requiert, par la force des choses, une approche multidimensionnelle qui serve l’intérêt des deux secteurs. La qualité se paie.
Depuis des années, on ne cesse de penser l’avenir du tourisme tunisien, sans en finir avec des idées figées et des projets qui n’ont jamais vu le jour. Tant et si bien que le secteur a besoin d’un nouveau souffle et mérite, plus que jamais, une révolution à bien des égards. Il doit mettre le cap sur la qualité, une vraie qualité de services, d’accueil, de restauration et d’hébergement.
Le balnéaire à bout de souffle !
D’ailleurs, ces prestations hôtelières furent, le plus souvent, le parent pauvre du tourisme. Voire la pomme de discorde qui fait l’unanimité ou presque des clients, qu’ils soient visiteurs ou résidents. Et là, que valent des recettes touristiques en hausse, si elles ne sont pas réinvesties dans la restauration de l’image du secteur et sa promotion? Le tirer vers le haut exige, forcément, une démarche exhaustive qui s’en tient à la formation et au renforcement des capacités du personnel hôtelier. Pour preuve, la technique hôtelière est une spécialité déjà enseignée et au centre sectoriel à Tabarka et à l’Institut des hautes études touristiques à Sidi Dhrif-La Marsa. A moins que ces deux structures publiques de formation n’accomplissent pas leur mission, comme il se doit.
La diversification du produit touristique et l’investissement dans le tourisme alternatif, comme gage de durabilité, devraient faire carton plein. Tourisme culturel, d’affaires, événementiel, de santé, saharien, golfique, sportif, aéronautique, écologique, agricole, rural, il y a un large éventail d’offres et de produits à fort potentiel économique, mais rien n’est évident pour leur exploitation à bon escient.
Le balnéaire l’emporte certes, de par son ancienneté et de par son étendue côtière à perte de vue. Ce tourisme classique, dit-on, semble être à bout de souffle, ne rapportant plus assez, comme il le faisait autrefois. Il se voit réduit à sa juste vocation saisonnière qui le booste, chaque été, et fait remonter ses recettes en termes de nuitées et de touristes passagers. Ainsi, ce segment du marché économique profite à plein d’une certaine embellie touristique qui lui permet de réaliser un bond plutôt quantitatif, mais pas qualitatif.
Même un sourire compte..
Au fil du temps, tout a changé, le tourisme aussi. Et ce qui était hier rentable et attractif ne l’est pas forcément aujourd’hui. Plages et soleil ne suffisent plus. Nos hôteliers, présents sur nos beaux rivages côtiers longs de plus 1.300 km, sont appelés à se réveiller de leur torpeur et comprendre que la satisfaction d’une clientèle potentielle de plus en plus exigeante est le sésame qui ouvre sur un nouveau départ. Lui réserver un bon accueil et présenter des services à la hauteur de ses attentes n’est guère une faveur.
Pour faire plaisir à ses clients, l’on doit s’offrir l’obligation de réussir. Parfois, un petit geste généreux, un acte de courtoisie, de bonne humeur ou même un sourire chaleureux valent plus que tout le confort offert. En haute saison, nos hôteliers ne font pas dans la dentelle, agissant aux dépens du qualitatif. Face à la forte demande, ils font fi de l’offre et ne daignent même pas répondre aux réclamations des clients. Et vogue la galère ! Sans contrôle ni sanctions. Et dire que le client est le roi !
En hiver, tout revient à la case départ, avec le retour de manivelle. Alors, fini le beau temps et revoilà que tout se rejoue en mode été. Comme si de rien n’était. Chassez le naturel, il revient au galop, ça s’applique aussi à la majorité écrasante des professionnels du métier. Nos hôteliers reprennent de plus belle, remâchant, sans cesse, les mêmes mots et les mêmes alibis, avec, en toile de fond, des réservations en baisse. Ce qui les pousse à se rabattre sur de nouvelles campagnes promotionnelles et des promesses de qualité et de services. Et ce n’est pas la première fois qu’ils annoncent ainsi la couleur, manifestant de l’intérêt pour le touriste local. Trompé, ce dernier s’est bercé, à chaque fois, des paroles figées, se trouvant, après avoir payé, contraint de séjourner, à regret. Car, il n’y a aucun rapport qualité-prix. Et pourtant, l’on doit, dûment, régler sa facture, et aller, vainement, demander explication auprès du patron. Faute d’arguments, celui-ci est, souvent, aux abonnés absents.
Et comme tourisme et artisanat sont deux faces d’une même pièce, toute révision requiert, par la force des choses, une approche multidimensionnelle qui s’emploie à servir l’intérêt des deux secteurs. Et ce n’est que récemment que le ministre du Tourisme, Mohamed Moez Belhassine, vient d’annoncer le lancement du programme de qualité globale en matière de tourisme et d’artisanat, à même de leur assurer rentabilité et les rendre de plus en plus compétitifs. Et toutes les activités y liées figurent, elles aussi, sur un plan d’action.
Aussi, cette année s’annonce-t-elle celle de la qualité du produit touristique et celui d’artisanat.
La formation, clé de voûte
Pour ce faire, l’on s’en tient, immanquablement, à la formation, clé de voûte de la qualité et de la compétitivité. Et pour cause ! Le 10 janvier, une commission mixte avait réuni le ministère du Tourisme et celui de l’Emploi et de la Formation professionnelle, au cours de laquelle la formation dans les domaines touristique et de l’artisanat avait prêté à débat. Il a été, également, question de «l’application de la convention cadre entre les deux départements et du projet de révision du certificat de compétence et de la liste des spécialités concernées par la prime de formation, afin d’inclure toutes les spécialités du tourisme et de l’artisanat et encourager les jeunes à y adhérer», lit-on dans un communiqué du ministère de l’Emploi et de la Formation.
Cette formation à double vocation aura, certes, à redéfinir les paradigmes de la qualité, corriger les failles professionnelles et donner lieu à de nouvelles compétences hautement qualifiées. Tourisme et artisanat, ce tandem confirme bel et bien l’étroite corrélation qui le distingue, dans la mesure où les deux secteurs vont de pair. Seule la qualité fait la différence.